Chers tous,

Il y a quelques semaines je vous expliquais dans cet article les difficultés que j’ai pu rencontrer dans la confection des tissus de la collection Laos. Depuis lors, je me suis rendue sur place afin de rencontrer mes partenaires et essayer d’accélérer la production des tissus. Voici un petit retour sur cette mission réussie.

Dans un premier temps, bonheur de retrouver Luang Prabang

Luang Prabang est une ville tellement jolie! Je la citerais volontiers parmi mes 5 villes préférées au monde (à côté de Rio de Janeiro !). Entourée de montagnes verdoyantes et de rivières langoureuses, le site même fait rêver. De plus, le centre colonial de cette petite citée est particulièrement bien préservé et restauré. Cela en fait une attraction de choix pour les touristes, mais il est facile de s’échapper de la foule en prenant les rues de traverses. Quelques mètres plus loin, de micro havres de paix, à l’ombre des arbres, cachés au fonds de ruelles, sont prêts à vous accueillir comme suspendus dans le temps. Bref, vous l’aurez compris je suis tombée amoureuse du Laos et surtout de Luang Prabang ! Si vous avez l’occasion n’hésitez pas à y passer plusieurs jours…

Puis visite d’un des villages producteurs de tissu

Je suis ensuite partie avec  ma partenaire Emi, de Ma Te Sai, visiter un village nommé Nayang, produisant les tissus de la collection. Celui-ci est situé à 4h de route au Nord de Luang Prabang. Il est donc relativement facile d’accès à l’inverse d’autres localisations beaucoup plus isolées. Les habitants de Nayang sont tous issus de l’ethnie des Tai Lue, dont les membres se répartissent entre la Thaïlande, la Chine, la Birmanie, le Laos et le Vietnam.

L’ethnie Tai Lue est particulièrement réputée pour la qualité de ses tissus et teintures naturelles. D’ailleurs il est très facile de se rendre compte en visitant le village que cette activité est centrale puisque la moindre maison possède au moins un métier à tisser et des pots de teinture indigo.

Les petites filles apprennent très jeunes l’art de filler, tisser et teindre le coton. Elles se perfectionnent au fil des années, les meilleures tisserandes sont souvent les plus âgées car plus expérimentées.  Les hommes produisent le coton dans les montagnes environnantes, et construisent les métiers à tisser, ce qui fait que les tissus qu’ils fabriquent sont on ne peut plus local.

Ce qui m’a marquée dans ce village, c’est leur mode de vie tellement exemplaire pour nous qui n’arrêtons pas de discuter de réchauffement climatique et transformation écologique. A Nayang, très peu d’objets proviennent de l’extérieur. Les habitants se nourrissent en priorité de leur production agricole. Ils construisent eux même leurs maisons et une grand partie de leurs ustensiles. Peu de déchets plastiques à l’horizon puisque presque tout est organique. Chaque famille produit du riz et des légumes, élève des poules/cochon/oies… et produit des tissus. Le tissage est traditionnellement destiné à l’usage personnel. Aujourd’hui, les tissus sont surtout vendus à l’extérieur, à des organisations équitable comme mes partenaires, ce qui permet d’améliorer la qualité de vie de ces familles. Pour autant les traditions dans le village n’ont pas beaucoup changé. L’amélioration des revenus liés aux tissus sert surtout à construire de plus grandes maisons, à envoyer les enfants à l’école et payer de meilleurs soins de santé.

Apprentissage des techniques locales de teinture et tissage

Après ma visite à Nayang, j’ai eu le bonheur de passer 2 jours dans le centre de tissage d’un village voisin. J’y ai appris à manier le tissage du coton et la teinture indigo. Ces deux sujets sont tellement passionnants en soit, qu’il faudra que j’écrive des articles spécifiques pour vous expliquer les subtilités de ces techniques.

J’essayerai aussi, dès que j’aurai le temps, de compiler les vidéos prises alors, car vous avez adoré mes stories !

Ces deux jours ont été particulièrement ressourçant. Le village était tout aussi calme et reposant que Nayang, et mes hôtes adorables. Je me suis régalée midi et soir de riz gluant et sauces savoureuses. Et surtout, j’ai appris tellement de choses sur les tissus de MUUDANA que je vous retranscrirai pas écris dès que possible !

Retour à Lang Prabang et résolution des soucis de tissus

De retour dans la capitale régionale, je me suis entretenue longtemps avec une autre partenaire pour résoudre les soucis de tissus.

Comme je vous l’avais expliqué dans l’article « Anecdotes et péripéties de la collection Laos » l’un des soucis principaux étaient la disponibilité du batik Hmong. A Luang Prabang j’ai fait le tour de toutes les boutiques éthiques, j’ai même écumé le marché de nuit, et force a été de constater que le batik Hmong fait figure de grand absent. Des rumeurs m’ont été rapportées sur une grande commande en provenance de Thaïlande accaparant tous les rouleaux de Batik Hmong en Chanvre. Quoiqu’il en soit, force a été de constater que je pouvais au mieux acheter 3 ou 4 rouleaux, donc certainement pas assez pour ma production, puisque rien que pour produire la combi-short, il me faut 1 rouleau entier !

J’ai finalement trouvé une solution à travers ma partenaire Keo. Celle-ci m’a parlé d’un village qui produit des rouleaux de batik Hmong sur du coton au lieu du chanvre. Le fait d’utiliser du coton facilite grandement la production, ce qui fait qu’il est possible de se fournir rapidement en batik hmong coton, alors que le batik Hmong chanvre est devenu quasiment impossible à trouver. J’ai alors pris la décision de choisir ce tissu comme tissu de remplacement. Seul le pantalon carotte sera produit avec du batik en chanvre. La combi, la chemise homme et le pantalon homme seront eux produits en batik coton.

Et pour être totalement transparente avec vous, je vous présente dans ce tableau les avantages et inconvénients du batik en coton au lieu du batik en chanvre :

Avantages Inconvénients
Batik Hmong Chanvre Le plus traditionnel 100% fait main Très cher Très difficile à trouver Peut avoir un aspect trop vieilli Qualité inégale Epais et moins facile à porter Le chanvre est plus écologique
Batik Hmong Coton Facile à porter et entretenir Motifs très nets Qualité plus uniforme Aspect plus neuf Disponible en plus grandes quantités Pas 100% fait main Moins traditionnel (la teinture et les motifs le sont, mais pas le tissage) Moins écologique

Il est apparu suite à cette mission qu’il serait suicidaire de vouloir continuer à produire les 4 modèles prévus en chanvre. J’ai donc pris la décision de n’en produire plus qu’un seul et de réaliser les trois autres avec le batik coton. J’espère que vous comprendrez ma décision… En tout cas, le rendu visuel est superbe ! Preuve en est les photos ci-dessous !

Un dernier atelier pour finir cette mission intense

Ma partenaire Keo, en plus de soutenir les artisans de la région grâce à sa structure « Luang Prabang Artisans », a récemment lancé un nouveau projet. Avec l’aide des autorités culturelles locales, elle a rénové et transformé en centre culturel une maison de maître traditionnelle. Le résultat est magnifique ! Niché dans un jardin luxuriant, la belle maison en bois héberge un musé, des ateliers d’artisanat et des cours de cuisine laotienne.  Moi qui adore la cuisine, je ne pouvais pas résister à une telle opportunité! Le dernier soir de ma mission, j’ai bénéficié d’un cours particulier de cuisine Laotienne-Thailandaise par ma partenaire Keo et son fiancé, un cuisinier thaïlandais. Un moment délicieux au propre comme au figuré. L’occasion aussi de rencontrer deux blogueuses culinaires & nomades Claire et Rosemary. Si vous voulez en savoir plus sur ce fameux cours de cuisine, vous pouvez consulter leur article de blog !

De retour à Phnom Penh

Je suis revenue à Phnom Penh avec près de 70 kg de tissus ! De quoi commencer à produire la veste Tai Dam, le top asymétrique Tai Muang, le pantacourt Lao et les espadrilles. Mais la mauvaise surprise de mon retour a été l’indisponibilité de l’atelier de fabrication. Moi qui pensais pouvoir commencer à produire ces modèles dès mon retour ! Il a encore fallu que je ronge mon frein une bonne dizaine de jours….

Heureusement, la production a enfin commencé il y a une dizaine de jours ! Et à partir du lancement, les choses n’ont pas tardé ! Aujourd’hui 50 tops asymétriques sont finalisés, et 30 vestes sont en phase de finition. La semaine prochaine, un colis partira de Phnom Penh, et dans une dizaine de jours je pourrai livrer une partie de mes généreux contributeurs Ulule !  Il me restera ensuite à attendre la livraison des tissus batiks Hmong et des tissus du top Manche longues Tai Lue pour que la production puisse être complète et mon cœur arrêter de stresser!

Merci à mes chers contributeurs Ulule qui font preuve de tellement de patiente et qui m’envoient régulièrement des messages si gentils et motivants !

Pour les autres, la collection LAOS est prévue pour être en ligne sur l’eshop mi-avril, et ce délais, je devrais arriver à le tenir !

Suite au prochain épisode…

Aude

2 Commentaires sur “Laos: mission tissus accomplie!

  1. RIVA-HAVARD says:

    Merci pour ces photos et récits qui nous permettent de suivre ton aventure. La patience fait aussi partie d’une attitude “écologique” et nous devrions en avoir davantage.

    • Aude says:

      Merci Sylvie pour ce commentaire! Oui tu as raison et c’est aussi l’esprit du crowdfunding qui permet de produire juste ce qu’il faut!

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