La fabrication d’un t-shirt en coton a un impact énorme sur notre environnement. Pourtant, un t-shirt en coton est tout ce qu’il y a de plus banal. Combien en avez-vous utilisés depuis votre naissance ? Des dizaines certainement. Ou plutôt des centaines ? On les achète à bas coût, parfois pour moins que le prix d’un café, s’ils ne sont pas donnés dans le cadre d’une opération promotionnelle…

Il y a ceux qu’on ne jettera jamais car ils nous rappellent de bons souvenirs. Les utilitaires qu’on achète, use et jette à un rythme plus ou moins rapide. Ceux dans lesquels on se sent bien et qu’on porte avec plaisir. Ceux qui restent au fonds de l’armoire, jamais utilisés. Et les vieux, déformés, moches ou trop grands qu’on utilisera pour faire du sport, du ménage ou du bricolage…..

La fabrication d’un T-shirt en coton n’a rien de banal ni d’anodin ! En vérité,  un T-shirt en coton est une prouesse de technologie, une chaîne de fabrication complexe et coûteuse, une source de revenus pour des millions de personnes sur terre, une charge sur les ressources de la planète, une occasion d’exploiter les plus faibles pour réaliser de juteux bénéfices… En résumé, un emblème de la mondialisation.

Pour mieux comprendre son impact, détaillons les étapes de fabrication d’un T-shirt en coton…

1/6 La production de la fibre de coton

Tout commence dans les champs de coton. Les principaux producteurs sont les Etats-Unis, l’Inde et la Chine, mais aussi l’Ouzbekistan. L’assèchement de la mer d’Aral, cela vous dit quelque chose ? Vos T-shirt en coton n’y sont pas pour rien…

Pour un T-shirt en coton, il faut 300g de fil de coton. Et pour obtenir 300 grammes de fil de coton il faut produire 1.3 kilos de fibres de coton, ce qui représente 28 arbustes et 14 m² de terre.

Les conditions de production du coton sont très variables. D’un côté, la production de coton bio dans un contexte d’agriculture familiale en Afrique, utilisant peu d’eau, pas de pesticides et dont la récolte se réalise manuellement. A l’opposé, le coton américain, génétiquement modifié à 90 %, nécessitant des quantités énormes d’eau, pesticides et insecticides. Planté, traité et récolté avec le recours de machines toujours plus perfectionnées limitant le recours à la main d’œuvre au strict minimum.

A noter également que le marché mondial du coton est un des plus concurrentiel et inégal. Les grands pays, promoteurs d’une agriculture intensive (Etats-Unis et Chine pour ne pas les mentionner), subventionnent leurs exportations de coton. Les petits pays (Africains en particulier), où subsiste une agriculture familiale, font les frais de ces politiques.

Champs de coton
Photo by Trisha Downing on Unsplash

2/6 L’égrenage

Le coton est récolté sous forme de capsules. Il y a la coque, les graines, et les fibres de coton. Il faut donc séparer les fibres de la coque et des graines et les débarrasser de leurs impuretés. C’est ce qu’on appelle l’égrenage.

Cette étape se pratique elle aussi avec l’aide de machines plus ou moins imposantes, modernes et sophistiquées, selon le lieu de production et le niveau de développement du pays.

En général l’égrenage a lieu près du lieu de production. Au moins quelque chose de logique dans ce cycle de production !

Après avoir été bien nettoyées de toute impureté, les fibres de coton sont conditionnées en balles de plusieurs centaines de kilos, prêtes à commencer leur long voyage.

A savoir que dans le coton rien n’est inutile. En effet, les coques et les graines peuvent être réutilisées pour l’alimentation animale. A partir des graines on peut également produire de l’huile.  Les tourteau restant après le pressage des graines seront eux aussi utilisés pour l’alimentation animale.

3/6 Le filage

C’est à ce moment que le coton commence son tour du monde. En effet, pour profiter au maximum des facilitées offertes par la mondialisation, le filage du coton est réalisé dans des pays relativement bien équipés en machines industrielles, mais ou la main d’œuvre reste peu chère, tout en étant un peu éduquée. Les balles de fibres de coton pourront donc voyager des Etats-Unis à l’Indonésie, comme l’explique si bien ce superbe web-documentaire d’une radio américaine.

Le filage est une science complexe. Ce processus passe par de nombreuses étapes et doit répondre à des critères exigeants (grammage, finesse, résistance…). Les usines de filage ont parfois leur propre recette pour fabriquer du fil, des recettes tenues aussi secrètes que celle du Nutella. En effet, si un fil est de mauvaise qualité, au final ce sera tout le vêtement qui verra sa qualité compromise.

Mais faisons simple : pour obtenir du fil à partir de fibres de coton, il faut peigner les fibres, les étirer, les combiner, puis les torde sur elles-mêmes. Selon le nombre de torsions, l’étirage, et la qualité initiale de la fibre, le fil sera plus ou moins fin, souple, doux… et donc le rendu final de l’étoffe sera différent.

Fils de coton
Photo by OSCAR AGUILAR on Unsplash

4/6 Le tricotage

Une fois les bobines de fil produites, c’est reparti pour une autre contrée! Et oui, sauf exception, le tricotage n’est pas réalisé au même endroit que la production du fil. Ce serait trop simple voyons ! Donc on re-rentre dans une boite, dans un container, dans un cargo, puis dans un camion et on rejoint l’usine de tricotage qui pourra se situer en Chine par exemple !

Dans le cas du T-shirt, les fils de coton sont tricotés par des machines toujours plus extraordinaires, complexes et technologiques. Par exemple, une machine à tricot classique comporte des centaines de milliers d’aiguilles qui ont parfois une taille d’un demi millimètre! Désormais, il en existe même qui peuvent tricoter un T-shirt entier en 3D sans coutures (ainsi on peut supprimer les étapes tissu-coupe-couturières histoire de baisser encore plus les coûts…).

C’est la technique du tricotage qui donne au T-shirt son élasticité et son confort. Il existe une autre technique hormis le tricotage, c’est le tissage. Le tissage fera un tissu et le tricotage fera un tricot. Pas la même technique, pas le même rendu, pas les mêmes vêtements. Je vous expliquerai tout cela plus en détail à l’occasion d’un autre article.

5/6 L’ennoblissement

Une fois le tissu ou le tricot confectionné, encore un saut de puce à travers le monde et c’est l’étape de l’ennoblissement. Souvent cette étape consiste à verser une certaine quantité de produits chimiques sur l’étoffe pour lui apporter la couleur ou la  finition voulue. Saviez-vous que 7 000 composants chimiques interviennent tout au long de la fabrication d’un t-shirt ? Très naturel tout cela….

Par exemple, un t-shirt blanc n’est pas naturellement blanc. Il a été blanchi avec de l’eau oxygénée, de l’acide chlorhydrique ou du peroxyde d’hydrogène. Et les teintures utilisées pour la plus part de nos vêtements contiennent des métaux lourds et font intervenir des solvants…

Il existe des procédés de teinture à base de plantes naturelles, mais ils sont difficilement maitrisables, les coloris ne peuvent pas être aussi vifs que les teintures chimiques et le consommateur n’apprécie pas toujours car le lavage et l’entretien sont plus difficiles.

Heureusement à ce niveau, quelques améliorations voient le jour. Des teintures non toxiques et non polluantes sont développées. Greenpeace mène une importante campagne de lobbying pour inciter les grandes marques de fast-fashion à supprimer les produits chimiques de leurs collections. Quelques-unes ont déjà pris des mesures dans le bon sens…

Transport par cargo après la fabrication des T-shirt en coton
Photo by OSCAR AGUILAR on Unsplash

6/6 La confection

Une fois que l’étoffe est finie (production de la fibre – récolte – égrenage – filage – tricotage – ennoblissement) il est possible de confectionner le T-shirt. Cette étape est celle que nous connaissons le plus. Le tissu est coupé selon la forme du patron, puis ses différentes parties sont assemblées, c’est-à-dire cousues ensemble.

A ce stade, à nouveau, les industriels vont essayer d’améliorer leurs marges en baissant les coûts au minimum. Or la confection est une étape qui demande beaucoup de main d’œuvre, difficilement remplaçable par des machines. Donc les donneurs d’ordre vont chercher à confectionner dans les pays où le coût de la main d’œuvre est au plus bas. Actuellement, il s’agit du Bangladesh du Cambodge et de l’Inde. Auparavant, la Chine et la Corée tenaient cette glorieuse place.

Dans ces 3 pays, les employés des usines de confection sont en majorité des jeunes femmes rurales. Elles ont quitté leur campagne, où il est difficile de trouver un gagne-pain, pour s’entasser dans des bidonvilles des grandes villes. Elles travaillent 10 à 12 heures par jours 6 jours sur 7 pour un salaire de misère (80 à 100 euros selon les pays et les usines). Ce salaire leur permettra néanmoins de faire vivre leur famille au village. Mais au prix de leur santé et de leur jeunesse. Souvent lorsqu’elles ont un enfant, ne pouvant pas s’en occuper, elles sont contraintes de le laisser dans leur famille au village et ne le voient qu’une fois par an. Pas de perspective de carrière, ni d’évolution salariale. Leur seul espoir est de pouvoir peut être un jour économiser suffisamment pour ouvrir un petit commerce et être indépendante.

Mais la fabrication des T-shirt n’a pas toujours lieu en Inde, au Cambodge et au Bangladesh. Parfois, pour garantir plus de réactivité et de productivité, la confection peut avoir lieu dans des pays plus proches comme la Tunisie ou le Maroc. Cependant, là encore les conditions de travail ne sont pas reluisantes car, même si les salaires sont supérieurs, le coût de la vie y est aussi plus élevé.

Conclusion

Cet exemple du T-shirt en coton permet d’illustrer la complexité des chaines de production textile. Bien sûr, tous les vêtements ne sont pas produits exactement comme décrit ci-dessus, mais le processus expliqué dans cet article est certainement le plus courant. Celui qu’emprunte une grande majorité de nos vêtements. En tout cas, ceux de la fast-fashion.

Cette complexité des chaînes de production textile explique qu’il soit particulièrement difficile de faire la transparence sur l’ensemble de la production et donc de garantir un vêtement respectueux de l’homme et de l’environnement de A à Z.

En effet, quand nous parlons des conditions de travail dans l’industrie textile, nous pensons surtout à l’étape finale, la confection. Certes à ce stade les conditions de travail sont déplorables et il est urgent que les industriels comme les petites marques fassent des efforts de transparence et d’humanité. Mais nous voyons grâce à l’exemple ci-dessus, que la confection n’est que la face émergée de l’iceberg. Avant d’en arriver à la machine à coudre de nombreuses opérations sont menées. Celles-ci impliquent également de la main d’œuvre sous-payée, mais aussi du transport de manière déraisonnable, des produits chimiques, des déchets… Or le nombre d’intermédiaires et d’intervenants est tellement énorme tout au long des étapes décrites ci-dessus que les chaines de production restent opaques et difficilement vérifiables.

Voilà pourquoi Muudana travaille à tous les niveaux de sa chaîne de production pour la maîtriser de A à Z, et garantir un impact positif pour l’homme et l’environnement. Cela signifie une confection équitable, mais aussi des teintures non toxiques, des transports optimisés et un tissu durable et équitable.

Vous avez aimé votre lecture ? Continuez à en apprendre plus sur la Fast-fashion Vs Mode éthique en lisant nos articles!

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8 Commentaires sur “Pourquoi la fabrication d’un T-shirt en coton a un tel impact?

  1. Almeida says:

    Bonjour,

    Cet article est très intéressant!! Je voudrais l’ utiliser pour un travail d’école. Ainsi, je voudrais savoir qui est l’auteur pour que je puisse le citer, s’il vous plaît ?

    Merci en avance.

    MAlmeida

    • Aude says:

      Bonjour Malmeida, oui bien sur vous pouvez tout à fait utiliser cet article. Je suis ravie qu’il vous soit utile. Et pour l’auteur, vous pouvez mentionner Aude Schaeffer – MUUDANA.
      En vous remerciant pour votre engagement envers une mode plus propre.
      Aude

  2. Gena says:

    Je souhaiterais m’investir dans le secteur du textile tel que le fait Mudaana car je vis dans un pays qui, dans les années 60, figurait parmi les plus exportateur de coton brut. Aujourd’hui, la tendance a changé et le coton figure en bas du top 10 des produits exportés. Je suis passionnée par le textile et voudrais mettre cette passion au service d’un projet rentable ayant un impact social et environnemental tel que le décrit votre article, que j’ai fortement apprécié par la simplicité du style, la clarté des mots utilisés, et la richesse des informations. J’aimerai vraiment correspondre avec vous afin que vous m’aidiez dans la structuration de mon plan d’affaires si vous n’y voyiez pas d’inconvénients. Merci par avance.

    • Aude says:

      Bonjour et merci pour votre message enthousiaste! Oui il y a encore beaucoup à faire pour développer un secteur textile plus respectueux de l’homme et de l’environnement. N’hésitez pas à m’envoyer un message plus détaillé sur l’onglet contact, je serai ravie d’échanger avec vous. Aude

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